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Trois court-métrages d’André Gladu

L’œuvre d’André Gladu est immense. Elle lui a valu en 2009 d’être reçu à l’Ordre des francophones d’Amérique (voir mon billet : https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2009/10/02/andre-gladu-recu-a-lordre-des-francophones-damer/). Je pensais les avoir tous vus, ces 40 quelques documentaires consacrés à la francophonie nord-américaine, mais non. Cette semaine à l’invitation de la Société québécoise d’ethnologie de, il revint au Musée de la civilisation présenter dans le cadre d’un hommage aux Métis francophones trios courts métrages. Sur les trois, il y en a deux qui avaient jusque-là échappé à mon œil attentif.

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Les gens libres fut tourné il y 33 ans à Saint-Ambroise et Saint-Laurent, au Manitoba. Il y a une entrevue classique avec l’historien métis de l’Ouest, Antoine Lussier, partiellement voilé par la boucane de sa cigarette, qui explique, entre autres, pourquoi les Métis de l’Ouest étaient davantage francophone qu’anglophone, le phénomène du métissage ayant été beaucoup plus répandu chez les voyageurs canayens de la Compagnie du Nord-Ouest que chez les commerçants anglais de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Le fait saillant du film est l’échange entre le cinéaste et le vieux Paul Lavallée à qui André demande à chanter l’hymne de la nation métisse composée par le légendaire Pierre Falcon. Monsieur Lavallée exécute avec brio.

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Presque 30 ans plus tard, Gladu est retourné dans l’Ouest, cette fois-ci à Batoche, en Saskatchewan, filmer Mitchif, l’esprit de Riel et de Dumont. Le mitchif, c’est la langue ancestrale des Métis, mélange de français et de cri. Batoche est ce lieu quasi sacré des Métis où leur nation fut anéantie en 1885 par les Forces canadiennes sous la direction du Général Frederick Middleton, déployées par John A. McDonald. On se souviendra que le général avait sous sa commande, le capitaine A.L. Howard, un militaire américain, qui se servait des Métis pour tester une nouvelle arme, le « Gatling gun ». Avant leur reddition, les Métis, sous les ordres militaires de Gabriel Dumont et spirituels de Louis Riel avaient eu le temps à la coulée des Tourond (Fish Creek) d’infliger une défaite sur Middleton et ses hommes. Un des leaders contemporains des Métis, Paul Chartrand, accepte d’accorder une entrevue à Gladu à condition qu’elle ait lieu à la coulée des Tourand , symbole de la victoire des Métis sur les Canadiens et non à Batoche, symbole de leur défaite.

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Cerise sur le sundae pour Gladu, lors du tournage, sa rencontre avec Margaret Gladue et son fils avec lesquels il partage un ancêtre lointain.

Les Houma constituent une « tribu indienne » sans statut en Louisiane. Aujourd’hui, ils habitent, pour l’essentiel, le bayou Terrebonne au sud de la Nouvelle-Orléans. Autrefois, ces Métis devenus francophones par la force des cultures françaises en Louisiane à l’époque coloniale, occupaient un territoire plus vaste qui couvrait ce qui est aujourd’hui la grande ville. C’est sur l’une de leurs terres sacrées, au cœur de la Nouvelle-Orléans, Congo Square, réputé aujourd’hui comme berceau du jazz et réclamé par les Afro-Américains, que Gladu rencontre et fait jaser, jouer et chanter Charly Dhutu et Calvin Parfait.

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Comme toujours avec André Gladu, lors de la période des questions, animée cette fois-ci par l’ethnologue, Jean Simard, la discussion déborde le sujet des trois films. Riche d’une carrière de 40 ans où il a côtoyé de près et collaboré avec les grands documentaristes du Québec, comme Michel Brault et Pierre Perreault, il n’est point surprenant que Gladu soit le réalisateur de La conquête du grand écran qui raconte cent ans de cinéma au Québec, depuis la première canadienne du Cinématographe Lumière, qui a eu lieu le 27 juin 1896, à Montréal jusqu’à nos jours.

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Longue vie aux films d’André Gladu!