Nos livres font parler d'eux

Une histoire de la politesse au Québec

Cet ouvrage collectif constitue assurément un apport neuf et substantiel sur un champ peu exploré de l'historiographie québécoise.

Fernand Harvey, Revue d'histoire de l’Amérique française

Prague

Vertigineusement impudique, follement obsédée par le pouvoir de la fiction de modeler le réel, Prague, deuxième roman de Maude Veilleux, est un acte de courage kamikaze, un aveugle sacrifice de soi sur l'autel de la littérature, une troublante autofiction confinant au malaise le critique employant, par convention, la troisième personne afin de rédiger des recensions comme celle-ci. Il y a de ces livres dont il faudrait pouvoir parler à la première personne, des livres face auxquels le moindre masque semble hypocrite.

À l'aube d'une rentrée littéraire s'annonçant déjà généreuse en récits de soi aux ambitions inspirationnelles et en romans obséquieusement sous l'emprise d'une vision du réalisme figée dans une autre époque – des livres si prudents ! –, Maude Veilleux aura forcément toutes les allures d'une terroriste aux abois, prête à s'immoler si le feu la rapproche de ce qu'elle traque. Elle appartient à un trop rare groupe: celui des gars et des filles qui écrivent parce qu'ils le doivent, et non simplement parce qu'ils le peuvent.

Dominic Tardif, Le Devoir

Une école à la dérive

La diversité québécoise est une importante richesse. La situation des Autochtones continue d'attirer l'attention – et c'est tant mieux – notamment avec ce regard cinglant sur le système d'éducation au Nunavik.

, Les libraires

Juste la fin du monde

Écrite en 1990, cette pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce est déstabilisante par son écriture saccadée, ses personnages à la fois détestables et attendrissants et, surtout, pour cette représentation de l'humain chez qui la communication, la vraie, n'est jamais facile à atteindre malgré tout l'amour du monde.

Marie-Josée Turgeon, Au fil des pages

Vivre et survivre à Montréal au 21e siècle

Ne pas y voir un guide du savoir-vivre au sens strict mais plutôt une déclaration d'amour irrévérencieuse pour la métropole et ses habitants, des êtres plus complexes qu'ils n'y paraissent.

Voisinage, restaurant, salle d'attente, discussions politiques, small talk, code vestimentaire, tout y passe avec humour, sous forme d'anecdotes et de constats sur ce qui constitue l'identité montréalaise. N'importe quel nouvel arrivant devrait en ressortir prêt à affronter la métropole, même si les auteurs affirment ne rien vouloir imposer.

Le Journal de Montréal et TVA nouvelles, Camille Dufétel

Les Bateaux-phares du Saint-Laurent

Beaucoup plus que la simple histoire des bateaux-phares, déjà pas banale, les auteurs nous offrent un portrait admirablement documenté et bien vivant d'un aspect qu'on soupçonnait peu de la navigation sur le Saint-Laurent de 1830 à 1963.

Pierre Terrien, Maritime Magazine

Vivre et survivre à Montréal au 21e siècle

Comme l'écrit en préface A. Taillefer, chaque société développe sa propre culture dont font partie des habitudes quotidiennes qui, parfois, oublient justement que ses concitoyens forment cette même société. C'est ce regards oblique que jettent ces carnets sur le train-train quotidien dans le brouhaha ou la quiétude urbaine pour souligner à gros traits, et rires francs, des façons de faire qui peuvent paraître incongrues aux visiteurs peu importe d'où ils viennent.

, Le Canada français

Charte de la langue française (La)

Disons-le d'entrée de jeu. Le livre d'Éric Poirier, La Charte de la langue française. Ce qu'il reste de la loi 101 quarante ans après son adoption, est une oeuvre magistrale qui fera époque par son érudition, mais surtout par la perspicacité de son analyse et les perspectives qu'elle dégage.

Nous devons à Éric une analyse fine et détaillée de tous les jugements des cours supérieures (Cour suprême, Cour d'Appel, Cour supérieure) touchant la Charte de la langue française (CLF). Il comble ainsi une lacune jusqu'ici inexplicable et, surtout, inexcusable. Ne serait-ce que pour cela, son livre demeurera un ouvrage de référence incontournable.

Pierre Dubuc, L'aut'Journal

Étagères et barreaux de fer

Ce livre est un outil de référence dont le contenu est inestimable, dont l'histoire a meublé la Ville de Québec. Plusieurs photographies viennent agrémenter le livre en permettant au lecteur de visualiser les lieux. Cette oeuvre a trois auteurs, dont chaque auteur a une partie qui lui est destinée en tenant compte de sa spécialité ou de son domaine d'étude ou de recherche.

Martine Lévesque, Blogue Les mille et une pages

Étagères et barreaux de fer

L'histoire du Morrin Centre de Québec témoigne des nombreux changements politiques qu'a connus la ville de Québec à travers son histoire. Tour à tour Redoute royale, prison commune ou collège anglophone, le Morrin Centre est aujourd'hui un centre culturel et une bibliothèque anglophone.

Étagères et barreaux de fer est un ouvrage historique de grande qualité accessible au grand public.

Gabriel Delisle, Le Nouvelliste

Déterrer les os

À la fois très intime et distancié de sa charge émotionnelle par un morcellement textuel, Déterrer les os oscille entre une apathie et une vigueur rapprochant la narratrice d'un désespoir croissant où le corps est purgatoire, un lieu entre la vie et la mort qui lui rappelle sans cesse les fautes à expier. Grâce à la puissance évocatrice de son style, Fanie Demeule ne peut qu'inviter le lecteur à se noyer avec elle dans un récit – jamais lourd – qui fait entendre les chants de sirène d'une vision toute contemporaine de la beauté féminine.

Anne-Marie Bilodeau, Librairie La Liberté

La même blessure

Emmanuel Bouchard peint le portrait d'un amour impossible entre la belle et fragile Rose et son beau-frère Antoine Beaupré. Dès le début du récit, l'attirance, voire la fascination d'Antoine envers Rose, la femme de son frère Thomas, est apparente. Toutefois, ses désirs deviennent particulièrement troubles lorsque Thomas meurt dans un terrible accident, et qu'Antoine lui promet qu'il veillera sur Rose. La relation qui se développe entre Antoine et Rose est donc extrêmement complexe, et est tissée de douleur, de deuil et de frustrations. Les pulsions et les désirs d'Antoine remettront donc en question certains des idéaux qui entourent la notion de promesse, et feront de cet homme un être profondément tourmenté.

Bien que ces éléments du récit pourraient suffire pour captiver le lecteur, il est à souligner que ce roman est ancré dans le Québec ouvrier des années de Duplessis, une époque rigidement gouvernée par la religion et ses tabous, ainsi que par la hiérarchie des classes sociales (ce qui permet d'ailleurs d'intéressants jeux de style et de narration de la part de l'auteur). Ce portrait réaliste du Québec des années 1940 à 1960 contribue donc à souligner les difficultés des personnages du récit, et permet à Emmanuel Bouchard de proposer un rare portrait de la vie de ceux qui ont vécu cette époque. Sans jamais tomber dans la facilité ou dans le cliché, l'auteur illustre les pensées, les espoirs et les désirs les plus intimes de personnages confrontés à des situations difficiles, dans un contexte hors du commun. En jouant avec la poésie des mots, des sens, des expressions et même de la musique, Emmanuel Bouchard prouve qu'il y a encore beaucoup de chemins à explorer pour arriver à comprendre et à expliquer ce sentiment infiniment intime et chavirant qu'est la constatation de l'impossibilité de l'amour.

Liza Bolen, Canadian Literature

Une fille louche

Comment décrire le plus adéquatement possible Une fille louche? Sans doute en évoquant les nombreuses listes de « J'aime » et « J'aime pas » ponctuant ce recueil de fragments tirés du blogue du même nom. Constamment tiraillée entre des cimes d'éblouissant enthousiasme et d'insondables abysses de détresse, notre narratrice, jeune libraire à la fois émerveillée et décontenancée par ce Québec dans lequel elle atterrit après avoir quitté son Nouveau-Brunswick natal, ne connaît pas la demi-mesure.

Carnet d'une fille passionnée mais fragile, ce premier livre joliment tout croche de Sylvianne Blanchette raconte avec une lumineuse impudeur émotive les efforts déployés par une attachante marginale afin de trouver sa place dans un monde dominé par le conformisme, sans renier ce qui en elle-même resplendit avec le plus de flamboyance: son amour des livres, du rock et de la rencontre authentique de l'autre.

Dominic Tardif, Le Devoir

Comprendre les élections américaines, édition 2016

Parce qu'il n'est pas aisé de suivre dans ses détails le long processus des élections de nos voisins du Sud, cet ouvrage arrive à point. Afin de nous éclairer sur les rouages de cette quête à la présidence, Vallet, professeure et chercheure en études stratégiques et diplomatiques, décortique pour nous le tout, abordant notamment les sources d'information des électeurs et la question des sondages électoraux.

Lire pour réfléchir, Les Libraires

Prague

Prague, oeuvre très attendue publiée chez Hamac, s'ouvre sur plusieurs scènes sexuelles dont on sort ébranlé, mais surtout dubitatif. Maude Veilleux a l'habitude des formules choquantes, des propos qui font réfléchir. Mais ici, avec Prague, quelque chose ne colle pas.

Si ce n'est que par son audace, Prague reste un roman d'une grande portée qui soulève des questions pertinentes quant à l'apport de la réalité dans la fiction, et aux limites qui peuvent être transgressées pour créer. Plus fort qu'une simple autofiction, Prague bouleverse et questionne. Déceler le vrai du faux y est impossible. Mais là n'est pas la question...

Elizabeth Lord, Les Méconnus

Prague

Phare sur Prague de Maude Veilleux, un objet qui ne manque vraiment pas d'intérêt. Par où commencer? Je peux déjà vous dire que ça se voulait un livre sur le couple ouvert. Une expérience à vivre pour nourrir l'écrit, fournir une autofiction à la clé. Le roman, pourtant, en a décidé autrement. Comme un point déclencheur, ou plutôt une vague porteuse de grands changements, l'ouverture du couple deviendra le prétexte à une remise en question digne de ce nom. De l'amour, de l'écriture, de tout.

Et on vogue avec elle, sans trop savoir quelle direction elle va prendre. Parce que clairement, elle même ne le sait pas. Comme on ne peut s'empêcher de regarder un accident sur le bord de la route, la protagoniste semble s'être assise dans sa propre vie – popcorn à la main – pour observer ce qu'il se passerait si... Si elle allait contre les règles de son mariage. Si elle allait trop loin dans sa relation avec Sébastien. Si elle laissait tomber son équilibre tranquillement, l'air de ne pas y toucher. Il faut le dire: en tant que lecteur, on a juste le goût de tasser sa main pour prendre une bonne poignée en se demandant, fasciné, qu'est-ce qui va bien pouvoir lui arriver.

Mélissa Pelletier, Les Méconnus