Le premier tome de cette histoire a paru en 1989 pour souligner le 350e anniversaire de l'arrivée des Augustines à Québec et de l'ouverture de leur hôpital, Hôtel-Dieu. Il a retracé l'histoire de ses femmes et de leur établissement de soins depuis leur modeste début, dans une colonie encore peu peuplée, jusqu'à la fin du XIXe siècle. À l'hôpital des corps et des âmes (1639-1825) a succédé une institution en transition où les progrès de la médicalisation et l'insertion dans le processus de formation des médecins annoncent l'hôpital moderne (1825-1892).

Le second tome reprend le récit en 1892. Les Augustines viennent tout juste d'agrandir leur établissement en tenant compte des derniers développements de la science. Il s'agit d'un événement symbolique capital et les journalistes du temps ne s'y sont pas trompés en décrivant le nouvel immeuble dans des termes dithyrambiques. En fait, l'hôpital moderne tel que nous le concevons encore aujourd'hui vient de naître. Il s'affirmera comme producteur de soins et comme instrument indispensable au développement économique et social de la collectivité. Après 1930, il sera le lieu d'un colossal effort d'institutionnalisation et de normalisation à l'échelle nord-américaine, si bien que les réformes de la Révolution tranquille apparaîtront à plusieurs égards comme le prolongement du virage amorcé au tournant du siècle.

Cette histoire est également celle des Augustines, de leur recrutement, de leur vie communautaire et des profonds changements qu'elles ont vécus lors du concile de Vatican II et de la Révolution tranquille. Au-delà de leurs difficultés actuelles – crise des vocations et vieillissement de l'effectif –, il faut surtout retenir que ces femmes, attentives aux besoins exprimés par la société et profondément engagées envers leurs malades, n'ont pas hésité à faire de leurs hôpitaux une voies d'accès les plus précoces du Québec à la modernité.

François Rousseau a consacré l'essentiel de sa carrière d'historien à l'exploration de l'univers de la santé. Publiée en 1983, sa thèse de doctorat, sur le régime des malades à l'Hôtel-Dieu, lui a valu la médaille Luc-Lacoursière et le prix Michel-Brunet, qui récompense le meilleur ouvrage produit par un jeune historien québécois.