Document : 1773-07-31 // 1773-08-02

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°415-420// cf° 221-224 // BM Bordeaux, Manuscrit MS 1480, Annexes, 1er Dossier : Mémoire et lettres de 1766 à 1774. // ADV 2 J Dépôt 22 art. 124-3

Date(s)

1773-07-31 // 1773-08-02

Auteur ou organisme producteur

Jacques François Hérault

Destinataire

Les Acadiens des ports : pour les convaincre de venir s'établir.

Résumé et contenu

Procès-verbal de la visite des députés Acadiens et de Hérault sur les terres de Pérusse.

Rapport de Hérault et des Acadiens sur les terres de Pérusse. Un groupe de 3 Acadiens de Saint-Malo s'est déplacé, avec Hérault, le subdélégué, et deux cultivateurs locaux [dont un allemand, probablement des défricheurs] pour examiner la nature des terres proposées par Pérusse pour les défrichements. Les 7 hommes forment deux groupes : un avec deux Acadiens et l'Allemand ; l'autre avec Hérault, un Acadien (Le Blanc), un cultivateur de Saint-Malo et un agriculteur poitevin [probablement pour avoir deux avis le plus objectifs possible ou plutôt prétendre à une plus grande objectivité ; à noter que les deux Acadiens qui sèment le trouble sont séparés dans les deux groupes pour éviter sans doute qu'ils s'entendent entre eux pour critiquer l'établissement].
Hérault raconte d'abord la visite du premier groupe qui se rend en divers endroits. Le groupe examine d'abord la nature des sols, les possibilités de drainage ; puis les cultures déjà existantes et leur rendement ; puis les possibilités pour le bétail et l'approvisionnement en eau. Conclusions favorables sur tous les plans. Le groupe se rend dans un second lieu dont la localisation géographique est à nouveau définie avec précision. L'inspection est très positive une nouvelle fois. En tout 4 zones sont passées au crible, les commentaires sont toujours positifs, sauf peut-être une remarque sur l'absence de bois, mais ce n'est pas très clair si la remarque est négative. La proximité des marchés est finalement notée comme un point positif. Finalement, ils observent des terres qui ont commencé à être défrichées depuis 1762 et rapportent des bons rapports bien qu'elles soient sans doute sur des terres inférieures en qualité aux autres.
Le rapport du deuxième groupe semble parfois un peu plus critique, ils émettent quelques observations de rendements un peu faibles, mais le PV précise que c'est parce que les paysans cultivent à la manière du pays et que ce n'est pas bien fait.
Signatures de tous.
A noter que les Acadiens semblent vouloir rester entre eux puisqu'il est noté qu'aucun ruisseau ne sépare les différents établissements.

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31 juillet 1773
Rapport de M. Jacques François Hérault subdélégué de l'intendant de la généralité de Poitiers sur les établissements des Acadiens dans les environs de Châtellerault.

Aujourd'hui 31 juillet 1773. Nous, Jacques François Hérault avocat en parlement subdélégué de l'intendant de la généralité de Poitiers en la ville de Châtellerault, nous sommes en conséquence de ses ordres transportés avec Jean-Jacques Le Blanc, Simon Aucoin, et Augustin Dousset, tous les trois cultivateurs acadiens d'origine établis à Saint-Malo, Louis Martin cultivateur de Saint-Malo tous les 4 envoyés par Monsieur Lemoine commissaire général de la marine, pour l'opération ci après, Louis Dansac (Danzac ?) cultivateur poitevin demeurant à Monthoiron et Sébastien Dupont allemand d'origine actuellement cultivateur en Poitou demeurant paroisse de Laigue les Bois.
A l'effet de faire la visite et constater l'état des terrains sur lesquels le gouvernement se propose de faire des établissements d'Acadiens, reconnaître la position nature et sol des dits terrains, les productions dont ils sont susceptibles, et généralement tous les avantages qu'on en peut retirer et de tout en dresser procès-verbal.
Aux fins de quoi et pour reconnaître d'autant mieux les dits terrains avons détachés les sieurs Aucoin, Dousset (Doucet) et Dupont pour visiter de leur part iceux terrains avec l'attention la plus grande, et nous sommes de notre côté transporté sur iceux avec le dit Le Blanc, Martin et Dansac pour faire séparément les mêmes opérations et réunir ensuite par le présent leurs différents avis à tous (?) quoi a été procédé ainsi qu'il suit.

Premièrement
Nous sommes transportés avec les dit Le Blanc, Martin et Dansac sur un canton de brandes appelé les brandes du Breuil paroisse d'Archigny élection et généralité de Poitiers et juridiction de Monthoiron, distance de trois lieues de la dite ville de Châtellerault, trois lieues de celle de Chauvigny, trois lieues de celle d'Angle, quatre lieues de celle de Saint Savin, et cinq de celle de Poitiers.
Le dit canton contenant environ 500 arpents, mesure de Paris, d'après le rapport des gens du pays. Le dit terrain est entièrement couvert d'ajoncs, bruyères, et brandes et ayant une légère inclinaison en différents sens pour l'écoulement des eaux ; les dits cultivateurs ayant examiné le sol et nature du dit terrain par des fouilles faites en différents cantons nous ont déclaré qu'il y a six à sept pouces de première terre brune et et légère et par le dessous une terre grise tirant sur le jaune grasse, mais paraissant avoir des sels et de la substance froide, mais susceptible d'être réchauffée par les travaux et écoulement de l'eau. En ayant de même parcouru le dit terrain et examiné quelques portions de la dite lande qui sont en culture, ont déclaré que les productions de froment et avoine qui s'y trouvent sont de bonne hauteur, le brin bon mais un peu clair ; les avoines sont peu hautes, cependant bien grainées et que le vin est cultivé à l'aireau (? poss. étirant) qui est la manière ordinaire du pays.
Ont aussi déclaré qu'ils estiment qu'on peut trouver des manières pour la fertilité des dits terrains d'autant qu'on en rencontre aux approches des portions qui sont cultivées.
Pourquoi nous ont déclaré qu'ils estiment que le dit canton de Landes est propre à produire du froment de l'avoine, même des orges, un baillarge [même mot que trouvé précédemment sous forme de "bayarge" = Littré: Terme d'agriculture. Variété très productive de l'orge vulgaire, et dont on fait, principalement dans le midi de la France, un pain fort grossier], comme les autres portions cultivées en travaillant le dit terrain d'une manière profitable et en l'asséchant.
Et avons en outre trouvé à peu près au milieu des dits terrains, une marre ou fosse d'eau pour abreuver le bétail d'environ cent pieds de diamètre, laquelle ne tarit point au rapport des gens du pays, et aussi différentes autres marres dispersées, mais qui ont paru susceptibles de tarir dans les grandes sécheresses et de plus deux fontaines d'eau vive à peu de distance du dit terrain.
Et ont aussi estimés qu'on peut facilement y construire des puits ayant vérifié qu'il y en a dans les habitations ou villages voisins dont la profondeur pour aller à l'eau est communément depuis vingt jusqu'à quarante cinq pieds.
Secondement, du dit lieu, nous nous sommes transportés sur un autre canton de brandes joignant au précédent appelé les brandes de Cenant (? Senant) contenant environ 1000 arpents de Paris dépendant des paroisses d'Archigny et de Cenan, au travers duquel passe le grand chemin de Châtellerault à Saint-Savin, lequel terrain nous avons trouvé couvert comme le précédent d'ajoncs, brandes et bruyères et la surface d'icelui plane dans des parties et faiblement incliné dans d'autres.
Et ayant parcouru le dit terrain et vu les différentes fouilles qui y ont été faites les dit cultivateurs ont déclaré que le sol est le même que celui du canton de Breuil, à l'exception que le fond n'est pas aussi argileux et par la moins sujet à retenir l'eau.
Ont aussi déclaré après avoir vu et visité les parties des dites landes qui sont en culture que les froments et autres productions qui s'y trouvent sont semblables à celles qui avoisinent le canton de Breuil et aussi belles que celles des autres cantons voisins.
Ont aussi reconnu dans quelques parties cultivées de la vigne bien venante, des cézannes, des prairies, des arbres fruitiers de toute espèce et des chênes de belle grosseur et pareillement des marnières dans les cantons cultivés pour quoi estiment qu'on en pourra trouver dans les dites landes.
Ont aussi reconnu différentes marres comme dans les landes du Breuil et pareillement constaté qu'il y a dans les villages circonvoisins des puits à peu près de même profondeur que dans le canton du Breuil et aussi qu'il y a deux fontaines, une à Saint Bormife (?) et une à l'Etoile sur deux côtés de la Lande.
Troisièmement, nous nous sommes transportés sur un autre canton de brandes séparé du précédent par le vallon de Saint-Bonifer (?) toujours sur la route de Saint Savin appelée la forêt de Gastine de l'étendue d'environ une lieue de longueur et largeur d'une lieue, lequel canton parcouru en différentes parties à été déclarée par le dit cultivateur être de même nature qualité et sol que celui des brandes de Cenant tant pour les productions et marnières que pour les eaux et les débouchés.
Quatrièmement de là sommes retournés sur un autre canton de brandes située paroisse de Lignay les Bois sur le grand chemin de Châtellerault à Pleumartin (?) à trois lieues de la dite ville et à une demie lieue de Plumartin appelée la forêt des Morillaut, contenant environ une lieue de longueur sur une demie de largeur, lequel terrain vu et examiné dans ses différentes parties ainsi que les productions des portions qui sont cultivées à paru au dits cultivateurs de même nature qualité et sol que les autres précédents et offrir les mêmes espérances de productions si ce n'est qu'à l'égard des puits ils ont vérifié que ceux des habitations voisines du dit canton sont peu profondes et qu'on puise l'eau avec une perche.
Qui sont tous les lieux qui ont été vus et visités en notre présence par les dits cultivateurs qui estiment qu'ils sont propres à rapporter des productions semblables à celles des autres cantons voisins en les travaillant et cultivant de manière à dessécher. Et nous ont de plus observés qu'il n'y a sur les dit cantons destinés aux dits établissements aucun bois autres que ajoncs, brandes et bruyères, mais seulement dans les environs et que parties des dits terrains sont à proximité des différentes églises d'Archigny, Cenan, L'Etoile abbaye, La Puye, Ligné les bois, la chapelle ... Plumartin et Saint Hilaire, et (?) qu'ils sont à la proximité des marchés qui tiennent chacune semaine à Plumartin, Chauvigny, Anglet et Saint-Savin, ce qui a été observé par les cultivateurs poitevins et aussi reconnu entre eux tous qu'il n'y a aucun ruisseau ni rivière qui entrecoupent aucun des cantons particuliers, mais seulement des ruisseaux qui les environnent en partie en différentes distances.
Et en nous rendant au château de Targé d'où nous étions partis nous avons passé aux cantons du village Devaux, Morineau, grand et petit fiefs bâtards et champ fleury, situés paroisse de Ligné les bois sur les bords et à travers de la lande des morillands où nous avons trouvé des portions de landes défrichées depuis 1762 jusqu'à présent, cultivés en partie à la charrue de Brie dont les froments et avoines leur ont paru beaux et bien fourni, quoique le sol en soit en quelque parties inférieur en qualité à celui des landes destinées aux établissements.

Et ensuite étant réunis aux S. Aucoin, Doucet et Dupont qui ont aussi opéré de leur coté sur tous les dits terrains, ils nous ont rapportés qu'ils ont commencé par examiner le canton de Brandes appelé la forêt Leze (?) touchant à celle de Morillands (?) à prendre du côté de Saint-Hilaire, qu'il y ont vu quelques portions nouvellement défrichées par le S. de l'Echelle ensemencées en froment et cultivées à l'aireau, dont le blé leur a paru clair et susceptible d'un produit plus considérable en desséchant le terrain et le cultivant à la charrue, par planches bombées ; qu'ils ont de même vu du côté des Tureaux (?) dans la même lande une partie défrichée par un nommé Rougé, cultive à la mode du pays dont le blé ne leur a pas paru beau pour n'avoir pas desséché le terrain.
Qu'ensuite ils sont allés sur la brande du Breuil dans partie de laquelle ils ont trouvé des portions défrichées où il y du froment et de l'avoine, le froment de bonne hauteur et le brin bon, mais un peu clair, les avoines basses de tige mais le grain fourni.
Que les terrains riverains sont des dites brandes sont bien garnis d'arbres dont le dominant est de chêne, qu'il y a deux abreuvoirs qui ne tarissent point et moyen d'y faire des puits ayant vérifié qu'il y en a aux habitations voisines dont l'eau n'est qu'à la profondeur de vingt pieds.
Que de même ils ont visité les brandes de Cenan et la Forêt de Gastines qui sont séparées dans une partie par le ruisseau de la Fontaine de Saint Domifer (?) qu'il y a de même dans ces deux cantons des portions qui ont été défrichées dans partie desquelles il y a de beaux froments et avoine et dans d'autres de moins beau, le tout cultivé à la façon du pays, qu'ils pensent qu'on en tirera des productions plus avantageuses. Si on parvenait à dégager le terrain de son humidité par des fossés de sangles (?) et labours à planches bombées, que partout ils ont trouvé dans les fouilles qui ont été faites qu'il y avait à la superficie du terrain six à sept pouces de terre brune légère, et au dessous une terre pesante et très grêle [Robert : D'une longueur, d'une finesse excessive] paraissant cependant avoir des sels et de la substance, que tous les autres terrains ont de la pente et égouts en différentes parties ainsi que des marnières aux approches des parties défrichées, ce qui leur fait présumer qu'on en pourrait trouver dans les dites landes et au surplus estiment que les dits terrains étant deffrichés et cultivés comme il convient pour produire des froments, avoine et autres grains et production et qu'on y peut élever des arbres fruitiers et d'autres de toutes espèces.
Qui sont les déclarations qui nous ont été faites par les dits cultivateurs concernant les dits terrains destinés à faire les dits établissements et dont nous avons dressé le présent procès verbal pour servir et valoir ce que de raison en présence des susdit le deux août mil sept cent soixante treize et ont déclaré ne savoir signer de ce en qui fors les soussignés ainsi signé Jean Jacques Le Blanc, Doucet, Louis Martin, Louis Dansac, Sébastien Dupont, et Hérault avec paraphe.
Pour ampliation [Pour ampliation : pour copie conforme (formule figurant au bas d'un acte ampliatif)],

Hérault

Notes

ancienne Fiche @ 253, supprimée. ; collationné avec ADV 2 J 124

3 copies conformes du même document existent dans les annexes de Ms 1480. La première copie est la plus lisible. Si on veut éclaircir les passages douteux (ce que je n'ai pas fait pour gagner du temps), il est possible de comparer les 3 versions. La deuxième version est la plus difficile à lire. La troisième n'est pas complète.

Une version est signée : Pour ampliation [Robert : Pour ampliation : pour copie conforme (formule figurant au bas d'un acte ampliatif)], Hérault.
La deuxième est co-signée par Lemoyne et Hérault : ampliation par Hérault et collation par Lemoyne [Robert : 2¨ (1361) Vieilli Action de comparer entre eux des manuscrits, des textes, des documents. Þ collationnement; collationner.]
La troisième version n'est pas signée car pas complète.

Mots-clés

// DV
// Poitou : examen des terres
// procès-verbal de l'inspection des Acadiens de Saint-Malo
// Poitiers
// Châtellerault
// Saint-Malo
// Monthoiron
// Leigué les Bois (?) ; Ligné les Bois
// Breuil
// Archigny
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Numéro de document

000016