Document : 1784-09-13

Références / localisation du document

Archivo Historico Nacional (Madrid), liasse 3885, n°3, expediente 13 de la section Estado, folio 34

Date(s)

1784-09-13

Auteur ou organisme producteur

Peyroux de la Coudrenière

Destinataire

Aranda

Résumé et contenu

Division des Acadiens ; plusieurs hésitent à Saint-Malo (ont demandé à aller ailleurs) ; demandent un délai ; les Acadiens de Nantes veulent partir au plus vite ; problème des familles mixtes ; diverses autres personnes veulent passer en Louisiane.

Peyroux dit qu'il n'existe en fait que 2300 Acadiens environ (au lieu de 3000) ; plusieurs sont partis pour Saint-Pierre et Miquelon, d'autres ont quitté " furtivement " le Royaume. A Morlaix, un tiers des Acadiens demande un délai (ils veulent savoir la réponse de ceux de SM, " leur ayant promis de les suivre où ils iront "). 500 " et quelques " Acadiens à SM ; seulement 81 pour la Louisiane ; les autres en négociation avec la Cour (ont beaucoup d'espoir ; allusion à une émigration vers Boston ou vers la Virginie, cf. document antérieur ?) " ils demandent un délai, mais s'ils n'obtiennent pas ce qu'ils ont demandé ils disent qu'ils préfèreront la Louisiane à toute autre chose ". Les Acadiens de Cherbourg et du Havre veulent suivre, eux, les Acadiens de SM. Pour l'instant, totalité des Acadiens pour la Louisiane = 1508 personnes. Les autres endroits (Bordeaux, La Rochelle, Belle-Île-en-Mer, Brest) peuvent encore fournir une centaine d'individus. Les Acadiens enregistrés demandent à ce que le délai demandé par ceux de SM ne nuise pas à leur départ ; ont du mal à se loger et sont au chômage (les marins) en attendant le départ.
Problème des familles mixtes ; espère qu'on n'empêchera pas les femmes de suivre leurs maris et vice-versa, sinon divorces. Des étrangers se trouvant en France souhaitent partir avec les Acadiens. 3 ecclésiastiques demandent à passer en Louisiane (détails) ; l'un veut être missionnaire chez les sauvages ; un capucin qui a la confiance des Acadiens et en confesse le plus grand nombre ; le 3e est Huet de la Valinière, soit disant ancien vicaire général de l'Acadie (c'est faux, cf. biographie).
Plusieurs chirurgiens veulent également passer dans les navires.
Allusion à d'Entremont qui souhaite une distinction ;
Nouvelles propositions pour l'affrètement des navires.

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A. S. Ex. Monsieur le Comte d'Aranda, ambassadeur

Monsieur,

Des trois mille Acadiens que l'on disait être en France il n'y en a qu'environs deux mille trois cent. Il en est parti un grand nombre pour les îles de Saint-Pierre et Miquelon et d'autres ont quitté furtivement ce Royaume. A Morlaix, il s'en trouve 92 pour la Louisiane, le reste compose 34 personnes lesquelles demandent un délai, jusqu'à ce que ceux de Saint-Malo aient pris un parti définitif, leur ayant promis de les suivre où ils iront.

Des cinq cents et quelques acadiens qui sont à Saint-Malo, il n'y en a que 81 pour la Louisiane: les autres ont dit qu'ils étaient en négociation avec la Cour de France, et que le ministère leur avait donné beaucoup d'espoir ; en conséquence ils demandent un délai, mais s'ils n'obtiennent pas ce qu'ils ont demandé ils disent qu'ils préfèreront la Louisiane à toute autre chose.
Quant aux Acadiens de Cherbourg, j'ai vu des lettres qui annonçaient que ceux de cette ville et du Havre de Grâce voulaient suivre le plus grand nombre des Acadiens de Saint-Malo. C'est ce qui m'a déterminé à ne point aller dans ces deux villes de Normandie. Ainsi la totalité des Acadiens pour la Louisiane ne monte jusqu'à présent qu'à 1508 personnes. Les autres endroits où il se trouve quelques familles acadiennes comme Bordeaux, la Rochelle, Belle-île, Brest, pourront peut-être fournir encore une centaine d'individus.

Quoiqu'il en soit tous ceux qui sont portés sur le rôle supplient votre excellence que le délai demandé par ceux de Saint-Malo ne nuise point à leur départ, désirant de partir le plus tôt qu'il sera possible. Vu qu'ils ont de la peine à trouver des chambres pour se loger et qu'il y a plusieurs marins qui restent dans l'inertie de crainte d'être absents lors du départ et de ne pouvoir faire embarquer leurs femmes et enfants.

Il y a environ 30 familles acadiennes alliées avec des Français ou françaises. Je pense que ceci ne fera aucune difficulté et qu'on n'empêchera pas les femmes de suivre leurs maris, ou les maris de suivre leurs femmes. S'il en arrivait autrement cela occasionnerait des divorces.
Plusieurs étrangers qui se trouvent en France et qui désirent jouir des mêmes avantages que les Acadiens me pressent pour savoir si V. E. veut bien les accueillir.
Trois ecclésiastiques français demandent à passer avec les Acadiens pour être curés en Louisiane. 1° un jeune vicaire nommé Guiard [sic] plein de zèle, et généralement estimé à Nantes. Il désire aussi faire des missions chez les sauvages pour les rendre chrétiens. 2° Un capucin de la province de Bretagne nommé Paul Marie de Rennes et résident à Nantes au petit couvent de l'Hermitage. Il a la confiance des Acadiens et en confesse le plus grand nombre. Il désire d'obtenir de V. Ex. un brevet d'aumônier des Acadiens, mais il souhaiterait encore que M. le Comte de Vergennes envoyât un ordre à son supérieur de le faire partir pour sa destination car sans cet ordre le père provincial et le père gardien s'opposeraient à son départ. Le 3e ecclésiastique est un ancien vicaire général d'Acadie, qui se déplaît en France et qui soupire journellement pour l'Amérique. Il se nomme Huet de la Valinière . Je joins ici une lettre qu'il a écrite d'Ingrandes aux Acadiens de Nantes [non jointe].
Plusieurs chirurgiens français désirent passer avec les Acadiens et ceux-ci désirent également qu'il y en ait au moins un dans chaque navire de transport.
Il y a un Acadien à Saint-Malo nommé d'Entremont, de famille noble, et dont les ancêtres ont été gouverneurs en Acadie. Il est dans l'indigence et a peu reçu d'éducation ; mais il désire sortir de l'abaissement où le sort de la guerre l'a jeté. Il supplie V. E. de lui être favorable et de le distinguer des autres Acadiens par un poste qui puisse un peu le relever.

J'ai appris que les S. Tourgouilhet et Rousseau avaient eu l'honneur de proposer à V. Ex. de transporter les Acadiens à raison de 200 # par personne. C'est le prix que le Roi de France accorde aux armateurs pour des endroits moins éloignés que la Louisiane comme le Cap Français ou la Martinique ; ainsi leur proposition me paraît très raisonnable. Ces deux armateurs ainsi que mon frère aîné font partie d'une compagnie qui se propose d'ouvrir un grand commerce en Bois et en pelleterie de la Louisiane. J'ai même proposé une opération de finance qui serait de plus avantageuses pour cette colonie, et comme je suis en correspondance avec eux, j'espère avoir bientôt l'honneur de présenter à votre excellence un mémoire sur tous ces objets de spéculation.

J'ai l'honneur d'être avec le plus profond respect et la plus grande vénération,

Monseigneur, etc...

Peyroux de la Coudrenière.

Notes

date ajoutée au crayon au dessus : 1784, Sept. 13, Paris

Mots-clés

// recensement : FE : 2300
// division des Acadiens
// SM
// Morlaix
// Nantes
// repartir : USA
// repartir : ou pas ?
// division des Acadiens

Numéro de document

002252