Document : 1784-03-07b

Références / localisation du document

Archivo Historico Nacional (Madrid), liasse 3885, n°3, expediente 13 de la section Estado, folio 11

Date(s)

1784-03-07b

Auteur ou organisme producteur

Peyroux de la Coudrenière

Destinataire

Chevalier de Hérédia

Résumé et contenu

Rumeurs sur l'autorisation de passer aux Etats-Unis ; Peyroux s'est assuré que c'était faux ; les Acadiens souhaitent que l'Espagne demande à la France d'autoriser l'émigration ; Acadiens sont bons marins ; détails sur la vie de Peyroux

Peyroux : retourné en retard à Nantes ; rumeur à Nantes que le ministre a envoyé des ordres de laisser partir les Acadiens aux Etats-Unis : s'est assuré que cela était faux. Les Acadiens sont reconnaissants des ordres donnés par l'Espagne de les recevoir. Ils demandent à ce que l'Espagne demande l'autorisation à la France ; estime que ce sera facile car le gvt veut diminuer les pensions ; si besoin, ils enverront eux mêmes une requête. Veulent aussi que les arrérages de solde soient payés (remboursement de dettes). Les Acadiens souhaitent s'embarquer à Nantes ; détails sur les propositions d'un certain M. Michel armateur pour le transport des Acadiens. Proposition de Peyroux de se charger du transport. Propose d'employer une partie des Acadiens comme matelots (" quant au nombre des matelots, on en prendrait le moins possible parce qu'il y a beaucoup d'Acadiens qui sont très bons marins et ce serait toujours une grande épargne sur les frais de l'armement ").
Parle un peu de lui : il a passé " les plus belles années de sa jeunesse " dans ces fertiles contrées ; il est âgé de 40 ans et marié, sans enfants. Sollicite un brevet de capitaine et le commandement de l'établissement des Acadiens.
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[copie]

Monsieur,

La rigueur de la saison et une indisposition que j'ai eu ont beaucoup retardé mon retour à Nantes où j'ai trouvé ma famille en deuil à l'occasion de la mort de mon père.
On avait dit dans cette ville que le ministre de la marine avait envoyé des ordres au commissaire ordonnateur de laisser partir les Acadiens pour les Etats-Unis ; mais depuis mon arrivée à Nantes je me suis assuré que cette assertion est fausse.
Les Acadiens à qui j'ai parlé ont été bien touchés de reconnaissance pour sa Majesté catholique en apprenant que ses ordres ont été donnés dans plusieurs ports de l'Espagne de les recevoir et de les transporter à la Louisiane. Ils vous prient de les demander au Ministère de France ; et ils sont dans la persuasion que vous les obtiendrez facilement ; parce que le gouvernement serait content de n'avoir plus de pensions à leur payer ; et s'il est nécessaire ils enverront eux mêmes une requête en Cour pour vous seconder dans cette demande. Ils voudraient aussi obtenir de la France qu'elle paya à ceux qui partiraient les arrérages qui leurs sont dûs, afin qu'ils puissent payer les petites dettes qu'ils ont contractées à Nantes.
J'ai déjà eu l'honneur de vous dire, Monsieur, que ces gens désiraient que l'armement se fît à Nantes. J'ai parlé de cet armement à M. Michel l'un des plus riches armateurs de cette ville. Je joins ici les demandes qu'il propose, lesquelles sont écrites de sa main ; il m'a cependant dit que ces demandes n'étaient pas son dernier mot, et qu'il ferait une diminution si l'Espagne voulait lui permettre de vendre à la Nouvelle-Orléans le surplus des vivres qu'il aurait embarqués, comme farines, vins, eaux de vie, etc. ainsi que de se charger en retour des denrées et productions de la Louisiane, pour quelque autre colonie de l'Amérique ou de l'Europe.
Je vous avoue, Monsieur, que je trouve ces demandes exorbitantes ; il en couterait beaucoup moins à l'Espagne si elle voulait elle-même frêter deux ou trois bâtiments, et commettre quelqu'un de confiance pour veiller sur les plus petits détails de l'armement : par exemple des hamacs sont portés par M. Michel à 6 # pièce, et moi je pourrais les fournir à 4 # y compris les amarres. Il en est de même du reste. Si le ministère d'Espagne voulait m'honorer de sa confiance il ne lui en couteraît pas 200 # par personne pour les transporter jusqu'au port de la Nouvelle-Orléans. Je veillerais sur le vaisseau, sur les agrêts, sur la bonté des vivres et des futailles, sur l'ordre et l'arrangement des effets qui seraient embarqués et sur tous les autres détails.

Quant au nombre des matelots, on en prendrait le moins possible parce qu'il y a beaucoup d'Acadiens qui sont très bons marins et ce serait toujours une grande épargne sur les frais de l'armement.
Je finis, Monsieur, en vous disant que je désire beaucoup de revoir ces fertiles contrées où j'ai passé les plus belles années de ma jeunesse. Maintenant, je suis âgé de 40 ans et marié, mais sans enfants. Si l'Espagne est dans le dessein de m'accorder une récompense, je vous prie de solliciter pour moi un brevet de capitaine et le commandement du nouveau poste que l'on établira en Louisiane des Acadiens qui y passeront. En cas que sa Majesté catholique ne voulut pas m'accorder cette faveur, je recevrais toujours avec reconnaissance les gratifications qu'il lui plairait de me donner.

J'ai l'honneur, etc.

Peyroux de la Coudrenière, à Nantes, ce 7 mars 1784.

[suit une copie de la note des demandes pour transporter les Acadiens à la Nouvelle-Orléans].
[texte court : on demande 300 livres par personne pour le transport de Mindin [en face Saint-Nazaire] à la Nouvelle-Orléans]

Notes

voir la copie de la réponse du 26 mars 1784 [1784-03-26]

Mots-clés

repartir : USA
repartir : Louisiane
travail : matelots (bon marins)

Numéro de document

002243