Document : 1763-10-30

Références / localisation du document

ADIV C 5156 // ADIV C 5058 // # 1244 : Naomi E. S. Griffiths, L'Acadie de 1686 à 1784. Contexte d'une histoire, Moncton, Editions d'Acadie, 1997 (1992). // Jean-Marie Fonteneau, Les Acadiens citoyens de l?Atlantique, Rennes, Éditions Ouest France, 2001 (1996). //

Date(s)

1763-10-30

Auteur ou organisme producteur

Acadiens de Morlaix

Destinataire

Commissaires des Etats de Bretagne

Résumé et contenu

Réponse des Acadiens au projet d'établissement à BIM.
Les Acadiens de Morlaix répondent à un mémoire [suite à la proposition des Etats de Bretagne d'établir les Acadiens à BIM approuvée par Choiseul le 25 octobre 1763, soit 5 jours avant cette lettre] pour leur établissement à BIM. Ils veulent : 1. allonger la durée de paiement de leur solde 2. un maçon pour les aider à construire leurs maisons [ils ne savent construire qu'en bois] ; 3. savoir s'ils seront propriétaires 4. réclament plus de bétail moins cher ; 5. pas entendre parler d'une expulsion pour ceux qui seront un peu lents à ensemmencer ou finir leur maison ; 6. être regroupés en une paroisse. 7. ne pas aller à BIM à leurs frais ; 8. préféreraient être ailleurs qu'à BIM où ils sont exposés aux Anglais. 9. savoir ce à quoi le Roi les destine.

[voir aussi la seconde pétition, 1763-10-31]
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Réponse au Mémoire de Nosseigneurs les Commissaires des Etats de Bretagne, par les Acadiens, les très fidèles et très soumis sujets du Roi de France.
Nous rendons de très humbles remerciements à M. et M. des Etats du mémoire qui nous a été communiqué par Monsieur Gousselain et Monsieur le maire de cette ville, et après en avoir témoigné notre reconnaissance à MM. les commissaires nous les prions de permettre que nous fassions quelques observations très considérables sur le dit mémoire et de vouloir bien agréer nos humbles représentations sur le même sujet.
Pour ce qui regarde la solde de 6 sols nous déclarons qu'il est impossible que nous subsistions et nous établir si elle ne dure au moins 6 ans, ce qui nous paraît naturel, l'ayant bien reçue sept ans en Angleterre, des Anglais mêmes qui voulaient bien nous la continuer si nous eussions voulu devenir leurs sujets.
Pour la construction des maisons, nous pourrons y travailler, mais nous ne savons bâtir qu'en bois et il faudrait au moins un maître maçon à chaque chef de famille, autrement nous serions exposés à périr sous nos édifices qui pourraient tomber sur nous, et nous demandons si nous aurons la propriété de ces maisons ainsi que des terres qu'on nous propose, et si elles passeront à nos enfants et héritiers.
Pour le boeuf et le cheval aux prix mentionnés, ils sont incapables d'ouvrir la terre à Belle-Ile, et outre cela, il faudrait au moins une vache, quelques brebis, etc. Pour achever les maisons sans interruption, il peut arriver des cas où il serait impossible. [?]
Pour ce qui regarde l'expulsion de ceux qui ne pourraient achever d'ensemencer leurs terres ou achever leur maison sous le temps convenu : à moins que le terme ne soit long, ces conditions sont capables de rebuter tout entrepreneur ou bâtisseur et pour à l'égard d'une seule année de gratification, et le quart de perrée de rente par journal nous trouvons trop, et trop sot, prendre sur de pauvres peuples qui actuellement n'ont rien que leurs bras et un vrai désir de s'établir.
A l'égard de nous séparer dans les quatre paroisses d'autant que nous n'occuperions pas plus de terrain, nous demanderions à être placé dans une paroisse et tenant, où nous pourrions avoir les bonnes terres avec les mauvaises.
Finalement, touchant le dernier article du dit mémoire, de nous transporter à Belle-île à nos frais, nous osons dire que ce seul article détruit tout le reste, d'autant qu'il n'y a pas un seul de nous capable de le faire.
Nous prenons encore la liberté de représenter que nous préférerions d'autres endroits dans le Royaume à Belle-Ile pour nous établir, d'autant que Belle-Ile est évidemment plus exposée à l'ennemi et que pour nous être trouvés établis sur des terres en de pareille situation, nous nous trouvons dans la triste situation où nous sommes.
Et enfin, que d'autant que nous sommes un par la protection de son Excellence à Monseigneur le Duc de Nivernois qui nous a promis la protection du Roi et de tout son ministère, nous ne voudrions prendre de délibération déterminée sans qu'auparavant nous sachions positivement à quoi la Cour nous destine.
Sont les sentiments de ceux qui ont l'honneur d'être....

signatures de 20 noms de chefs de famille.

Notes

texte disponible en photo 9037 - 9038 dans le dossier correspondant (C 5158). J'ai vérifié.

texte recopié p. 260-2 [Fonteneau]. Une pétition mentionné par Griffiths # 1244 p. 117 [la deuxième pétition retrouvée dans ADIV C 5156] : Pétition datée de Morlaix, 31 octobre 1763, C 5058, AD IV (Rennes) avec les notes suivantes : "[les Acadiens] accueillirent avec peu d'enthousiasme le projet français de les installer à BIM [...] : la terre y était peu fertile et l'île était trop proche des Anglais. ; divergence avec Fonteneau sur la date (31 octobre au lieu de 30) et sur le numéro (5058 ou 5156), à moins qu'il s'agisse d'un double. De plus, la pétition ne mentionne pas explicitement la mauvaise qualité des terres.
NB. Le mémoire adressé aux Acadiens ne semble pas avoir été retrouvé par Fonteneau, mais seulement la réponse - = le texte ci-dessous]

Mots-clés

// Belle-île en Mer
// BIM
// établissement des Acadiens
// regroupement - dispersion
// RED
// secours

Numéro de document

000040