Document : 1765-01-01

Références / localisation du document

RAPC 1905-II p. 150 # 493 // # 1244 : Naomi E. S. Griffiths, L'Acadie de 1686 à 1784. Contexte d'une histoire, Moncton, Editions d'Acadie, 1997 (1992).

Date(s)

1765-01-01

Auteur ou organisme producteur

Acadiens dispersés dans les colonies américaines

Destinataire

Bernard [= gouverneur du Massachusetts je crois]

Résumé et contenu

Les Acadiens de Boston protestent de ce qu'ils ne peuvent pas aller à SD

Les Acadiens ayant le désir de passer aux colonies françaises, ils se permettent d'envoyer une requête. Souhaitent la bonne année. " Voilà 9 ans nous vivons en espérance d'aller joindre notre patrie [ici, la France] et il nous semble que la porte nous était ouverte et vous nous l'avez fermée ". Ne comprennent pas : normalement, en temps de paix, ils devraient être libres. Ils sont étonnés aussi qu'on dise qu'ils ont la liberté de religion. Ce n'est pas leur sentiment. Demandent la compassion, sinon mort de faim et de froid. Certains habitants du pays pensent qu'ils sont riches, mais ils sont presque morts de faim.


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transcription d'après le RAPC p. 150 :
"Nous autres tous les Acadiens ayant un grand désir de passer aux colonies françaises nous prenons la liberté de présenter une seconde requête à votre excellence monseigneur le gouverneur commandant au Massachusetts [Bay ?] à vous et à votre conseil en vous souhaitant une bonne année et bonne prospérité nous espérons Monsieur que votre honorable personne nous rendra bonne justice à l'égard de ce que nous vous présentons. Vous êtes bien persuadé Monsieur des offres qu'on nous fait aux colonies françaises. Voilà 9 ans nous vivons en espérance d'aller joindre notre patrie et il nous semble que la porte nous était ouverte et vous nous l'avez fermée. Nous avons toujours entendu dire qu'en temps de paix qu'en tout pays que la porte des prisons s'ouvrait pour les prisonniers.

Cela, Monsieur, nous étonne bien de voir qu'on nous détient en nous disant qu'on nous donne toute liberté de notre religion ce qui est tout contraire à nos sentiments parce que nos sentiments sont qu'on nous détient ici (ill.) nous ôte le libre exercice de notre religion. Cela est bien dur pour nous et aussi dur c'est de voir notre situation de nous voir tout d'un pilote [de devoir tout d'un pilote ?] étant incapable de nous soulager nous mêmes.

Monsieur, si vous n'avez compassion de nous nous pensons que nous périrons de frette [froid] et de faim. Monsieur depuis que nous vous avons présenté notre requête [nous] avons reçu 94 livres de viande de mouton, deux cordes de bois, 2 boisseaux de pois [...] à 72 personnes que nous sommes. Ca nous est bien pénible après avoir été ruiné comme nous avons été qu'il y a des gens parmi vous autres qui pensent que nous sommes riches qui est une chose qui n'a jamais été en nous dans ce pays ici encore bien moins à présent que jamais car la richesse qui nous reste c'est la misère et la pauvreté. Ainsi Messieurs nous supplions vos bontés d'avoir compassion de pauvre gens comme nous le temps que nous serons détenus ici. "


Certains Acadiens réagirent avec amertume à ce paternalisme bien intentionné, en répliquant au gouverneur que : "[...] depuis 9 ans nous vivons dans l'espoir de rejoindre nos compatriotes, et il nous semble que vous nous avez fermé une porte qui était jusque là ouverte. Ayant toujours cru qu'en temps de paix les portes de toutes les prisons s'ouvraient, nous nous étonnons d'être retenus ici [...]. C'est une épreuve très dure. A la suite de ce coup imprévu, il est dur de réfléchir à notre situation actuelle et de nous voir dans l'impossibilité de nous réconforter auprès des notres. [Jean Trahant, Castin Thibodet, Jean Hebaire, Charles Landry, Allexis Braux to the Governor and Commander in Chief of Massachusetts Bay, Boston, 1st Jan. 1765, dans Report for 1905, II, 3, app. E, p. 92-93 ; [p. 150 dans l'édition française, note personnelle] ]

Notes

La transcription de Griffiths est très différente de celle-ci (peut-être est-ce une traduction à partir de la version anglaise ?)

Orthographe modernisée : l'orthographe originale est très très difficile à lire ; certains certains mots sont plus devinés qu'autre chose ; plusieurs passages sont très difficilement compréhensibles

Mots-clés

// repartir : Colonies françaises, France
// allégeance : France
// RED
// religion
// USA

Numéro de document

000813