Nos livres font parler d'eux

Imaginaire comique dans le cinéma québécois (L')

Livre essentiel pour mieux cerner l'univers des comédies au Québec, les genres exploités dans ce registre et l'impact des comédies au grand écran.

Pierre Blais, Émission Situation critique, CKRL 89.1

Nettoyer Montréal

L'intérêt du livre de M. Lapointe est d'y aider [à mettre de la distance critique], tout en montrant la vigueur des études américaines sur cette question. Si le terrain d'enquête est très différent de celui que connaissent les lecteurs français, les perspectives d'analyse et d'interprétation sont, elles aussi, distinctes. Le livre de M. Lapointe, version remaniée d'une thèse soutenue en 2010, porte sur les campagnes de moralisation de la vie publique à Montréal, à partir de la Seconde Guerre mondiale jusqu'au début des années 1950. L'étude, portant sur une histoire mal connue – celle du Canada français – et sur une période sans doute pittoresque vu de France, apporte en réalité des éléments intéressants, pour plusieurs raisons.

L'étude, d'une grande précision, à laquelle se livre M. Lapointe se lit avec facilité et plaisir.

Frédéric Monier, Société d'études jaurésiennes

Québec dans la Grande Guerre (Le)

Dans le contexte particulier des commémorations du centenaire des années de la Première Guerre mondiale à travers le monde, les lecteurs cherchent des ouvrages qui expliquent le caractère incompréhensible de l'une des pires tragédies de l'Histoire. Le lectorat québécois a les mêmes aspirations, si bien que la maison d'édition du Septentrion a su combler ses attentes en s'associant à deux historiens de haut calibre, Charles-Philippe Courtois et Laurent Veyssière, afin qu'ils dirigent un collectif intitulé Le Québec dans la Grande Guerre. Engagements, refus, héritages. D'emblée, réglons immédiatement la question: nous recommandons l'achat de cet ouvrage. Pourquoi, en effet, ne pas apprécier un livre qui relance la recherche québécoise sur la Grande Guerre vers de nouvelles directions? Précisons que les avenues empruntées dans cette synthèse triptyque, à savoir ces notions d'engagements, de refus et d'héritages, constituent un portrait représentatif des tendances de la recherche.

À quoi peut-on attribuer le manque relatif de publications québécoises sur la Grande Guerre? Disons simplement par une absence d'intérêt non pas de la part du public, mais du côté des historiens professionnels chez qui le sujet fut pendant longtemps carrément boycotté. Heureusement, nous avons espoir qu'avec Le Québec dans la Grande Guerre, un nouvel engouement naîtra pour ce chapitre trouble, mais combien palpitant de l'histoire nationale du Québec et du Canada. Cela dit, l'ouvrage constitue, dans un premier temps, un intéressant condensé de l'état de la recherche, tel que nous le mentionnons précédemment. Grâce aux contributions d'historiens bien connus pour leur expertise sur le sujet (Carl Bouchard, Mourad Djebabla-Brun...) et qui savent faire, comme toujours, une judicieuse utilisation de sources pertinentes et originales, le livre a également le mérite de poser des questions pointues sur des sujets sensibles.

Dans son ensemble, cet ouvrage qui, au fond, se veut une « anthologie », sinon un recueil de moments et chapitres clés de l'expérience des Canadiens français du temps de la Grande Guerre constitue néanmoins une référence incontournable. L'ouvrage, au demeurant fort bien édité avec de nombreuses photos (déjà connues, certes, mais de haute qualité d'impression), contribue assurément à l'avancement des connaissances. Pour le grand public, les textes fournissent des pistes d'exploration du vécu des contemporains. Nous sommes d'avis que tous les auteurs sont parvenus à bien contextualiser ces expériences. Deuxièmement, le monde de l'éducation y trouvera son compte, et ce, à tous les échelons, du primaire à l'université. Nous pensons que l'ouvrage amènera professeurs, élèves et étudiants à envisager l'étude de la Première Guerre mondiale sous de nouvelles perspectives, où l'accent devrait être mis sur une régionalisation de l'histoire, toujours en lien avec le cadre théorique de déconstruction proposé par Offenstadt. Enfin, notons que Le Québec dans la Grande Guerre, sans prétendre apporter d'approches théoriques nouvelles à l'étude de ce conflit (ce qui en soi serait difficile compte tenu de la saturation historiographique du conflit), doit faire partie des lectures obligatoires de tous les spécialistes et lecteurs intéressés par l'histoire du Québec, celle du Canada et celle de la Première Guerre mondiale.

Carl Pépin, Bulletin d'histoire politique

Histoire parlementaire du Québec, 1928-1962

Contribution d'envergure à l'histoire du Québec: vingt-huit ans de débats rendus accessibles.

Pendant un temps, peut-être les pionniers de cette mission presque impossible furent-ils les seuls à y croire; à tel moment, même la présidence de l'Assemblée législative vacilla. Histoire parlementaire du Québec 1928-1962, document infiniment méritoire qu'offrent aujourd'hui Christian Blais et son équipe, doit beaucoup – et ils le disent – aux entêtés fervents que furent des pionniers comme Jocelyn Saint-Pierre.

Laurent Laplante, Nuit blanche

Inconquis

Joseph Gagné, un historien fraîchement diplômé de l'Université Laval, nous narre cette aventure méconnue à la fois stupéfiante et navrante, dans Inconquis: deux retraites françaises vers la Louisiane après 1760, une parution hivernale de l'éditeur de Québec Septentrion. Il s'agit en effet d'une aventure où rebondissements et intrigues sont au rendez-vous, portrait d'une communauté militaire où priment les questions d'honneur et de privilèges, une aventure qui nous fait redécouvrir ce pan oublié de l'histoire de la Conquête: le sort, très incertain, de l'immense territoire français de la Louisiane.

Joseph Gagné, par cette biographie croisée, réussit à mettre en perspective tout l'effet de la désintégration de la chaîne de commandement de la Nouvelle-France lors de ces années cruciales de 1760 et 1761. Mieux, il nous fait « entrer dans l'intimité » de cette guerre grâce aux rapports de campagne, des documents exceptionnels de La Chapelle (des textes reproduits intégralement, en annexes de son essai), une intimité qui nous rend sensible aux incertitudes de cette période de transition. Son « Inconquis » mérite un éloge supplémentaire, celui de nous faire surtout redécouvrir que, même après la perte de la Nouvelle-France, « un monde fluvial français continue d'exister », un monde qui part des Grands Lacs et qui descend le Mississippi jusqu'à La Nouvelle-Orléans, un monde qui continue, près de trois siècles plus tard, par sa toponymie et ses vestiges, à raconter ce temps où le coeur de l'Amérique était solidement français.

Christian Vachon, Librairie Pantoute

Hydro-Québec et l'État québécois, 1944-2005

Voici un livre-fleuve écrit par un jeune historien talentueux qui n'a pas eu froid aux yeux. Des forêts et des rivières en remontant jusqu'aux symboles collectifs en passant par la représentation de l'Autre, l'ouvrage multiplie les regards sur un objet qui, loin d'être enserré dans l'analyse, se déploie à travers elle. Stéphane Savard n'a pas ménagé ses ambitions: étudier Hydro-Québec à travers autant de jumelles pendant une période limitée, ç'aurait déjà été beaucoup. Embrasser son objet sur une durée de près de 70 ans, c'était tout un défi, surtout en proposant d'examiner les mutations des représentations symboliques et identitaires associées à (ou générées par) Hydro-Québec dans la perspective d'une « lutte de représentations ». On saura gré à l'historien de ne pas avoir divisé ce gros livre (435 pages) en tranches chronologiques, mais d'avoir osé employer une division thématique qui sied bien, d'ailleurs, à son approche. En fait, chaque chapitre couvre toutes les périodes du livre, ce qui accommode le lecteur pressé en lui offrant plusieurs portes d'entrée sans l'égarer, tout en incitant à réfléchir sur la continuité/discontinuité d'une panoplie d'objets. Le lecteur attentif y trouvera davantage: une construction patiente et rigoureuse dans laquelle les thèmes abordés s'éclairent différemment à mesure qu'ils font leur apparition.

Les magnifiques photographies qui accompagnent l'ouvrage, comme celle de la rivière Manicouagan déchaînée (p.91), donnent le ton à cette odyssée québécoise qui s'amorce par la découverte et le développement des capacités de maîtrise de la nature.

Stéphane Savard souhaite enfin que son livre contribue à revaloriser le rôle de l'historien dans la Cité en décortiquant les discours politiques et ce à quoi ils renvoient (mythes, symboles, justifications, stratégies discursives, dissimulation de la real politic...). L'objet est particulièrement bien choisi pour cette mission et le lecteur, après la lecture de l'ouvrage, ne pourra plus entendre une évocation ou un discours à propos d'Hydro-Québec de la même façon. C'est déjà beaucoup, faut-il dire, pour un livre d'histoire.

Daniel Poitras, Globe. Revue internationale d'études québécoises

Autobiographie de l'enfance

«Le roman cogne dur. Adel est une tornade qui a poussé ses enfants dans l’instabilité, la peur et la crainte. Véritable personnage de Tennessee Williams ou de John Steinbeck, elle fascine, agace dans sa sensualité racoleuse, son instabilité émotive et son désir de changement. [...] Un travail impeccable d’Hélène Rioux pour la traduction et le puzzle finit par donner un tableau fascinant. »

Littérature du Québec, Yvon Paré

Inconquis

Je l'avoue, c'est d'abord le titre qui m'a séduit. Être inconquis, c'est tout le contraire de conquis. C'est être rebelle et refuser de se rendre. Voilà un destin qui me plaît.

Jacques Lanctôt, Le Journal de Montréal

Abbé Pierre Gravel (L')

C'est la première biographie sérieuse à être consacrée à l'abbé Pierre Gravel, une figure méconnue de la droite traditionaliste et du fascisme canadien-français.

David Rajotte, Recherches sociographiques

Nouveaux regards en histoire seigneuriale au Québec

Les cartes sont soignées et utiles. L'ouvrage est vraiment bien structuré.

Qu'importe le texte choisi – tous sont conformes aux exigences universitaires. Ils résultent de recherches sérieuses et approfondies. Mais quoi de neuf ? Nous avons été captivés par le texte sur les seigneuries du lac Champlain: un sujet peu couvert et quelque peu complexe mais bien livré et qui dépasse les limites fixées par le titre de l'ouvrage.

Ce livre fort bien documenté offre un nouvel éclairage sur des thèmes peu abordés et une période mal connue du régime seigneurial.

Michel Pratt, Mémoires de la Société généalogique canadienne-française

Nettoyer Montréal

Il est rare que la parution d'un ouvrage d'histoire soit aussi bien arrimée à l'actualité. Pourtant, le premier livre de Mathieu Lapointe traite non seulement d'un épisode qui appartient – de l'aveu même de l'auteur – à la « légende de Montréal » (p.11), mais il arrive également à point nommé pour offrir à ses lecteurs une vaste contextualisation historique des débats qui entourent les travaux et le rapport de la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction, présidée par la juge France Charbonneau (à laquelle a d'ailleurs collaboré l'auteur).

Dans ce chapitre et les suivants, l'auteur montre d'ailleurs une excellente maîtrise non seulement de l'historiographie québécoise, mais aussi des historiographies française, américaine et canadienne-anglaise sur le sujet.

Sur le plan historiographique, l'ouvrage représente une riche contribution à l'histoire politique et culturelle de Montréal.

On l'a souligné, mais il est important de le répéter: l'ouvrage se distingue également par les efforts faits par l'auteur pour situer sa démonstration non seulement dans le contexte québécois, mais plus largement dans le contexte nord-américain. Lapointe ne perd de vue ni l'un ni l'autre, et tire de ce double regards une analyse originale de cet épisode pourtant assez bien connu de la « légende de Montréal ». Ajoutons, pour terminer, que l'ouvrage est abondamment et magnifiquement illustré. L'auteur a pu profiter des recherches menées par le Centre d'histoire de Montréal, dans le cadre de l'exposition Scandale! Vice, crime et moralité à Montréal, 1940-1960, pour mettre en main sur toute une série d'illustrations qui enrichissent significativement le livre.

Harold Bérubé, MENS

Québec et l'Irlande (Le)

Trois des chercheurs francophones les plus engagés dans la recherche irlando-canadienne, Simon Jolivet, Isabelle Matte et Linda Cardinal, nous offrent ici un recueil de dix essais et une postface provenant d'une multitude de disciplines et d'horizons afin d'élargir ce qu'ils considèrent comme le pan québécois de leur sphère de recherche. Dans un ouvrage au titre admirablement vague, Le Québec et l'Irlande: culture, histoire, identité, mais qui reflète finalement la grande diversité des essais proposés, les trois universitaires souhaitent apporter leur contribution aux études irlando-québécoises et, par le fait même, aux études canado-irlandaises en langue française. Cet aspect, « la prise en compte du point de vue francophone è travers ses propres archives » (p.17), est l'une des réussites de ce recueil qui interroge de nouvelles sources, en langue française, pour faire la lumière sur des pans de l'histoire irlando-canadienne et pour soutenir une meilleure comparaison entre ces deux régions, qui ont maintes fois été comparées politiquement, socialement et culturellement. Regroupant des études comparatives allant de la politique à la littérature ainsi que des analyses sociohistoriques de la présence irlandaise au Québec, les auteurs qui ont participé à ce nouveau recueil prouvent que l'intérêt pour l'« irlandicité » du Québec est maintenant bien ancré dans le champ grandissant des études irlandaises.

En conclusion, les dix essais rassemblés et présentés ici par Linda Cardinal, Simon Jolivet et Isabelle Matte fournissent d'excellents exemples de la vitalité du pan québécois des études canado-irlandaises. À travers les prismes de l'histoire, de l'anthropologie, de la littérature, du cinéma, de l'ethnomusicologie et de la science politique, les chercheurs ayant contribué à l'ouvrage Le Québec et l'Irlande: culture, histoire, identité réussissent le pari d'illustrer la diversité des perspectives sur le sujet et de poser les assises de recherches ultérieures sur l'expérience irlandaise au Québec et la comparaison informée entre les deux nations.

MENS, Camille Harrigan

Histoire de la médecine au Québec 1800-2000

Ce n'est pas trop tôt! On attend depuis longtemps un ouvrage de synthèse sur l'histoire des médecins et de la médecine au Québec. Les synthèses précédentes de Jacques Bernier ou de Rénald Lessard étaient de grande qualité mais ne couvraient pas le XXe siècle, période-clef de l'évolution de la médecine s'il en est. Bref, le livre de Goulet et Gagnon comble un réel besoin.

Fidèle à l'historiographie, bien écrite, cette synthèse est aussi formidablement illustrée. Les reproductions, dont plusieurs tirées de la collection personnelle de Denis Goulet, ne sont pas que décoratives et valent souvent mille mots: j'en emploierai certaines dans mes cours. L'édition est impeccable, comporte un index et une bibliographie exhaustive, ce qui n'est pas toujours le cas de nos jours. Longtemps attendu, ce livre de référence est essentiel pour quiconque s'intéresse à ce qu'on appelle aujourd'hui le « réseau de la santé ».

Globe. Revue internationale d'études québécoises, Julien Prud'homme

Curieuses histoires de plantes du Canada, tome 2

L'ouvrage contient beaucoup d'information, notamment des notes biographiques, sans compter un grand nombre d'illustrations et d'encarts. Ce livre, qui fournit moult détails sur la pharmacopée amérindienne et sur l'introduction de plantes canadiennes en Europe à l'époque du Régime français, intéressera sûrement ceux et celles qui se passionnent pour les plantes et l'histoire.

Michel Crête, Le naturaliste canadien

Vivre en quartier populaire

Le sens que les participants donnent à leur vie dans Saint-Sauveur permet de bien saisir les particularités de ce quartier plus résidentiel que son voisin Saint-Roch, par exemple. Conserver l'authenticité du langage dans les citations est un choix très pertinent qui rend le texte plus vivant et moins austère aux lecteurs du grand public. Il peut espérer rejoindre ce lectorat avec un ouvrage bien écrit et rendu accessible grâce à de nombreuses mises en contexte. L'ouvrage constitue aussi un apport intéressant à l'historiographie puisqu'il nuance l'importance des contraintes d'ordre économique, soulevée notamment par Bradbury (1993) et Cliche et Naud (1975), dans le choix du quartier de résidence. Gilbert met en lumière le fait que les habitants des quartiers populaires n'y résident pas seulement par nécessité, mais aussi par choix.

Lysandre St-Pierre, Recherches sociographiques